Pour être totalement honnête, je pense que le débat sur la modernité n’est pas un débat de peintre. La peinture recherche l’intemporalité. Pour moi le regard que lance « La jeune fille à la perle » de Johannes Vermeer n’appartient à aucune époque, elle pourrait venir d’une fille croisée dans le métro. J’aime aller puiser dans l’histoire de l’art ces morceaux d’éternité. Comme je l’ai dit précédemment la peinture est un langage et chaque peintre à son style, pour parler chacune de ces langues il faut se les approprier, le seul moyen pour le faire c’est de les copier. J’ai passé plusieurs mois à apprendre le « Ingres », Le « Sargent » ou le « Vermeer », à retrouver l’organisation de leurs palettes, comment ils superposent les couches de peinture, comment ils gèrent le maigre par rapport au gras, le noir par rapport au blanc ou l’opaque sur le transparent. A Venise je me souviens du retable de la famille Pessaro de Titien et du regard du jeune personnage à droite au premier plan, il semble interpeler le spectateur, et j’aime à me dire que cela fait quatre siècle qu’il nous interroge et que le temps n’a pas de prise sur lui.